Histoire de l'union
L’Union depuis la Révolution
Jusqu’à la fin des années 50, L’UNION est une petite commune rurale aux portes de TOULOUSE.
Son histoire est riche et passionnante. Nombreux sont les vestiges matériels et les documents écrits qui témoignent de son passé, de l’époque préhistorique à nos jours. (1)
La commune a été officiellement créée au cours de la Révolution par l’arrêté du 12 mars 1791 du directoire du département de HAUTE-GARONNE; sous le nom de SAINT JEAN DE KYRIE ELEISON (2).
Elle réunit deux communautés villageoises de l’Ancien Régime, BELBEZE-LES-TOULOUSE et LACOURNAUDRIC, séparées par la route d’ALBI, qui correspondent au territoire actuel des communes réunies de L’UNION et SAINT-JEAN.
Elles ont la particularité de ne posséder toutes deux qu’une seule et même église paroissiale l’église de SAINT JEAN DE KYRIE ELEISON, actuelle église de la commune de SAINT JEAN.
Au moment de la convention montagnarde, le 20 nivôse an II (9 janvier 1794), le maire et le conseil général de la commune décident d’abandonner le nom de SAINT JEAN DE KYRIE ELEISON; qui rappelle “le souvenir de la superstition, pour celui de L’UNION plus conforme aux exigences des vrais amis de la République“.
L’UNION dont le nom s’est perpétué jusqu’à nos jours malgré deux tentatives infructueuses de rétablir le nom de SAINT JEAN DE KYRIE ELEISON à l’époque de la Restauration, en 1816 et 1824.
Au Moyen Age, existent sur le territoire communal deux grands domaines ecclésiastiques : celui de l’ESTAQUEBIAU appartenant aux Hospitaliers de SAINT JEAN DE JERUSALEM devenu l’Ordre de MALTE. sous le règne de Charles Quint et celui de MONTMAZALGER ou MONTIZALGUIER, propriété des chanoines de SAINT SERNIN, plus connu sous le nom de SAINT CAPRAIS, du nom d’une petite chapelle aujourd’hui disparue, édifiée au cœur du domaine.
Sous l’Ancien Régime, nombreux sont les seigneurs et notables toulousains qui possèdent sur le territoire de la commune des châteaux manoirs entourés de parcs ombragés dont certains subsistent encore de nos jours.
L’église paroissiale de SAINT JEAN DE KYRIE ELEISON, quant à elle, est excentrée, située aux limites de la commune.
Eloignée, difficile d’accès pour les Unionais qui habitent dans les quartiers de la route de BESSIERES et de LACOURNAUDRIC, elle est en fort mauvais état au milieu du XIXème siècle et a besoin d’urgentes et importantes réparations, ainsi que le presbytère situé à proximité de l’église.
C’est la raison pour laquelle au cours de la décennie 1850 – 1860 l’idée d’édifier une nouvelle église et un nouveau presbytère situés au cœur même de la commune et d’abandonner voire de démolir la vieille église est envisagée comme une nécessité.
Le Conseil municipal réuni pour donner son avis le 3 février 1861 accepte à une large majorité (11 voix contre une) la solution proposée.
Mais, quelques mois plus tard, des obstacles majeurs d’ordre financier étant apparus, le maire, son adjoint et plusieurs conseillers municipaux inquiets de la dépense qu’entraînerait un tel projet, changent d’avis, leur préférence allant désormais à la réparation de la vieille église et du presbytère existants, qui devrait s’avérer moins onéreuse.
Mais néanmoins, à l’initiative de certains habitants qui ne partagent pas ce point de vue, la construction d’une nouvelle église et d’un nouveau presbytère intervient sur un terrain central en bordure de la route d’ALBI
Elle est rendue possible grâce à la générosité de plusieurs riches donateurs. (3)
En 1864, l’église nouvelle, à l’exception du clocher, et le presbytère sont pratiquement achevés.
Par acte notarié du 5 février 1864, les deux édifices sont donnés à la commune à condition toutefois que la municipalité prenne en charge la construction du clocher et que l’église nouvelle devienne paroissiale au détriment de l’ancienne, reléguée au rang de succursale.
Par arrêté préfectoral du 30 septembre 1866, l’autorité administrative approuve la clause essentielle de la donation.
La nouvelle église dédiée à Saint Jean Baptiste obtient officiellement le statut d’église paroissiale. L’abbé Estrade, curé desservant de la paroisse, quitte alors l’ancien presbytère inconfortable et la vieille église où il officie pour venir s’installer dans les locaux nouvellement construits.
L’église ancienne étant désormais réduite au rôle de simple succursale, les habitants des quartiers de LASPLANES, de VERDALLE et des CABANNES proches de l’ancienne église sont très mécontents de la solution qui leur est imposée.
Ils pensent que le seul moyen de retrouver le statut d’église paroissiale pour leur ancienne église consiste à demander que le territoire sur lequel ils résident soit détaché de L’UNION pour créer une commune à part entière.
L’église et le presbytère anciens une fois réparés pourraient alors accueillir un nouveau curé desservant. L’église succursale redeviendrait ainsi paroissiale.
Ils s’adressent au préfet de la HAUTE-GARONNE pour obtenir la création d’une nouvelle commune aux dépens de celle de L’UNION.
Pour justifier leur démarche, ils font valoir l’extrême tension qui existe au sein de la population et du conseil municipal qui rendent impossible toute cohabitation.
Ne pouvant plus exercer correctement son mandat, le maire de L’UNION démissionne.
Après avoir fait interroger les habitants et constaté l’impossibilité d’un accord, le préfet de la HAUTE-GARONNE ordonne par arrêté du 4 décembre 1868 le partage de la commune.
Les quartiers de LASPLANES, VERDALLE et des CABANNES représentant une superficie de 594 ha et une population de 358 habitants sont détachés de L’UNION pour former désormais la commune de SAINT-JEAN.
L’UNION voit, quant à elle sa superficie passer de 1271 ha à 677 ha et sa population chuter de 826 à 468 habitants.
Deux emplacements proches de la nouvelle église ont été prévus pour construire une “Mairie-école” (4) et aménager un cimetière. Le 20 décembre 1868 des élections municipales ont lieu dans les deux communes pour désigner les conseillers municipaux et les nouveaux maires.
La séparation étant définitive et irrévocable, chaque commune devenue autonome va désormais connaître son propre destin.
Restées profondément rurales jusqu’à la fin des années 1950, L’UNION et SAINT-JEAN vont connaître une urbanisation intensive à partir des années 1960 et vont devenir en l’espace de quelques décennies des villes moyennes de l’agglomération toulousaine. (5)
Gilbert FLOUTARD
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(1) Au musée de la Bonne Auberge, rue de l’Autan Blanc, on peut voir deux pirogues découvertes au bord de l’HERS dans le secteur de L’UNION. L’une date de l’Age du bronze (XIIIème à Xème siècle av. J.C.) et l’autre de l’époque carolingienne (VIIIème à Xème siècles de notre ère).
(2) KYRIE ELEISON : invocation que l’officiant fait au commencement de la messe. Ce sont deux mots d’origine grecque signifiant “Seigneur aie pitié”.
(3) Les noms des donateurs ayant permis la construction de l’église et du presbytère figurent à l’intérieur de l’église, gravés sur une plaque de marbre placée à côté de la chapelle de la Sainte Vierge.
(4) La Mairie-école située à l’angle de l’ancienne route nationale 88 et de l’avenue des Pyrénées sera terminée en 1876 (voir Bribes d’histoire dans L’Unionais n° 111 d’avril 2006 – “Un édifice remarquable : la Mairie-école mixte de L’UNION).
(5) Aujourd’hui, les deux communes sont regroupées au sein de TOULOUSE Métropole.